Tordeuses de la grappe
Les tordeuses de la grappe sont des lépidoptères (papillons), appelées aussi vers de la grappe. Le ver de la grappe est un des principaux ravageurs de la vigne.
Dans notre département, ce ravageur peut occasionner localement des dégâts.
Il existe 2 espèces : Eudémis (Lobésia botrana), dominante dans notre département avec 3 générations par an, et la Cochylis (Eupoecilia ambiguella), présente dans les secteurs plus froids, avec 2 générations.
Quels dégâts sur ma vigne ?
Les chenilles ou larves s’attaquent directement aux inflorescences (glomérules) en 1ère génération ou aux grappes (perforations) en 2nde génération, voire en 3ème génération pour l’Eudémis.
En 1ère génération, les dégâts sont uniquement quantitatifs. Les larves agglomèrent les boutons floraux pour former des glomérules, d’où une destruction d’une partie des inflorescences et du potentiel de récolte. En 2ème et 3ème génération, les dégâts sont qualitatifs et quantitatifs. Les chenilles perforent les baies, créant ainsi des portes d’entrée pour la pourriture grise et la pourriture acide.
Comment les reconnaître ?
Le développement est similaire pour les 2 papillons (œufs, chenilles, nymphes et adultes), avec des formes et couleurs bien caractéristiques pour chacune des espèces.
L’œuf est de forme lenticulaire, d’abord translucide, il devient jaunâtre et irisé. Juste avant l’éclosion, la tête de la chenille apparaît par transparence. C’est ce qu’on appelle le stade tête noire. La chenille d’Eudémis a une couleur jaune /vert, une tête couleur « miel », avec des mouvements rapides. Le papillon adulte a des ailes claires et marbrées de taches brunes. Ses ailes postérieures sont grisâtres. Il mesure entre 5 et 8 mm de long, et son envergure est de 10mm. La chenille de Cochylis est brune avec une tête noire, elle est lente. Le papillon est jaune avec une bande noire. Il mesure de 6 à 7 mm de long, et son envergure est de 12 à 15mm
Elements de biologie
La cochylis et l’eudémis sont deux papillons aux modes de vie analogues. L’Eudémis a 3 générations par an, alors que la Cochylis n’en a que 2
Première génération : L’hivernation a lieu à l’état de chrysalide sous les écorces. Les adultes du premier vol apparaissent du mois de mars au mois d’avril, et donnent la première génération. Ils ont une activité crépusculaire pour l’accouplement et la ponte, qui a lieu principalement sur les bractéoles des boutons floraux. Les larves, après un court stade baladeur de quelques heures, s’attaquent aux boutons floraux, qu’elles agglomèrent en « glomérules ». Deuxième génération Le vol débute première quinzaine de juin pour les zones précoces et seconde quinzaine de juin pour les secteurs tardifs. Les femelles déposent les œufs sur les baies vertes. Les chenilles broutent et creusent ensuite une galerie dans ces baies, appelées « perforation». Troisième génération (Eudémis uniquement) Elle débute entre mi juillet et début août selon les secteurs de précocité, au moment de la véraison. Les pontes ont également lieu sur les baies. Les chenilles creusent aussi une galerie dans les baies, au moment de la maturation – d’où le risque de Botrytis selon les conditions climatiques. En septembre, les chenilles se nymphosent sous l’écorce des ceps et dans les anfractuosités des piquets afin de passer l’hiver. Elles donneront des papillons le printemps suivant.
Comment protéger ma vigne ?
La stratégie de protection contre ces acariens doit se baser tout d’abord sur l’observation du vignoble, la possibilité d’une régulation naturelle par des auxiliaires, la mise en œuvre de techniques alternatives et en dernier recours, une lutte raisonnée adaptée.
La lutte par confusion sexuelle (méthode de bio contrôle) consiste à disposer des diffuseurs de phéromones dans les parcelles avant le début des vols pour empêcher les accouplements. En 1ère génération, un traitement insecticide avec un produit curatif ne se justifie que si les populations sont très élevées. En 2ème et 3ème génération, la lutte est préventive, sur les pontes ou jeunes chenilles : le traitement se positionne avant le dépôt des pontes, ou au stade tête noire selon les produits.
Protocole d'observation
Le piégeage sexuel des papillons permet d’observer le début et la durée du vol. Le nombre de papillons ne permet pas de déterminer l’intensité de la génération suivie. Un comptage est nécessaire pour se référer aux seuils d’intervention.
1ère génération : le saumurage des inflorescences permet d’extraire les larves cachées. Il est à réaliser au pic de présence des jeunes larves. Protocole dans le guide des vignobles. Un bilan des glomérules, pendant la floraison sur 50 grappes, permet de décider d’une éventuelle intervention sur la génération suivante. En 2ème et 3ème génération, observer 25 grappes pour déterminer le nombre de foyers présents. Un foyer correspond à un groupe de 2 à 5 baies perforées par la même larve. Remarque : il est également possible de réaliser un comptage de pontes en 2ème et 3ème génération sur 25 grappes (observation cependant moins facile à réaliser)
Décision d’intervention
1ère génération :
- Dégâts significatifs sur la récolte précédente
- Et résultats saumurage : 80 larves pour 100 inflorescences
2ème génération
- Bilan 1ère génération > 10% de glomérules
- Ou pontes de 2ème génération > 5 à 10%
3ème génération (eudémis uniquement)
- Bilan 2ème génération > 10% de foyers
- Ou pontes de 3ème génération > 5 à 10%
Quelle régulation possible par des auxiliaires ?
Les tordeuses de la grappe ont plusieurs ennemis naturels :
- Prédateurs (chrysopes, punaises, forficules, oiseaux, araignées, syrphes, chauves-souris)
- Parasitoïdes (trichogrammes)
Leur action de régulation est efficace, se reporter aux chapitre Auxiliaires.